LE RESTE DU MONDE N'EXISTE PAS

Travail en cours, depuis 2019. Le projet a obtenu la Bourse Laurent Troude décernée par Libération, la SAIF et le festival Images Singulières en 2020 ainsi que le Soutien à la photographie documentaire du Centre National des Arts Plastiques en 2021.

Ils et elles s’appellent Anthony, Océane, Loïck, ont entre 15 et 25 ans et habitent les villages d’une France éloignée des comptoirs de la mondialisation et des circuits de tourisme, au cœur de la Charente-Limousine. Comme beaucoup d’autres régions rurales françaises, la leur a connu des fermetures d’usines, la disparition d’un certain monde paysan, le désengagement des services publics... Chaque recensement constate l’érosion de sa population. De même, à la fin de l’adolescence, on assiste à l’éclatement d’une génération avec environ un tiers des jeunes qui partent vers la ville. Pourtant, comme eux, certains restent et perpétuent un style de vie rural et populaire.

Ils et elles sont apprenti.e.s, assistantes maternelles, caristes, caissières. Pendant leur temps libre, ces jeunes se retrouvent « chez les uns les autres », au terrain de motocross, ou sur les berges de la rivière. Les samedis soir, ils vont danser au Galion la dernière boîte de nuit rurale du coin, ou sortent à Angoulême « la ville loin la plus proche » où ils peuvent profiter d’un peu d’anonymat. Pour leur avenir, les jeunes du coin comptent davantage sur leurs réseaux que sur les diplômes, conditionnent leur réussite à l’obtention d’un permis qu’ils se débrouillent à financer et rêvent du jour où ils vont quitter le domicile familial pour « se poser ». Ils et elles mènent des vies sur le fil, entre précarité et isolement géographique, mais des vies solidaires qui font la part belle à l’amitié, au travail et à l’entretien d’une bonne réputation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Article paru dans Libération en mai 2021 à l'occasion de la Bourse Laurent Troude: